
Tortuguero
Arrivée à Tortuguero
Première étape de mon road trip au Costa Rica, la presqu’île de Tortuguero. Une ambiance tropicale et amazonienne qui donne l’impression que la seule option pour se déplacer est via le labyrinthe de canaux au milieu d’une jungle dense et riche d’une faune incroyable. Ce n’est pas tout à fait faux, si on considère qu’il faille arriver en voiture jusqu’au port de Caño Blanco à quelques kilomètres de Tortuguero (36km à vol d’oiseau ou 130km par la route qui n’existe pas vraiment), abandonner mon véhicule pour la durée du séjour et attendre le bateau qui va me conduire à mon hôtel dans la zone de Tortuguero. Le trajet dure environ deux heures mais le pilote et le guide savent nous faire apprécier le voyage, ainsi durant ce petit voyage ils vont nous montrer quelques animaux de la région, premier contact avec la faune locale, c’est déjà magique.

L’hôtel est entouré d’eau et la plage se trouve sur l’autre rive du fleuve (environ 200 m), cependant le personnel de l’hôtel nous met tout de suite en garde sur les dangers d’une telle traversée, les courants et le trafic des bateaux seraient déjà des obstacles significatifs mais viennent s’ajouter les animaux sauvages, particulièrement les reptiles tel que les crocodiles, caïmans ou encore les boas qui seraient peut-être moins regardants que les bateaux.
Nuit magique sous les étoiles avec les tortues
Pour ma première soirée, je décide de participer à une observation de pondaison des tortues de mers sur la plage de Tortuguero. Celle-ci est complètement protégée et son accès est extrêmement règlementé, une discussion rapide avec le guide m’apprend que les abus lors de ces soirées d’observation ont conduit les autorités à adopter des mesures drastiques pour le bien-être des animaux. Les appareils électroniques sont complètement interdits et c’est très surveillé, toute entorse suspend immédiatement la visite de l’ensemble du groupe. Cette restriction a deux avantages, le premier est que mon attention est complètement focalisée sur l’observation des tortues, le second est l’absence de lumière qui donne un ciel étoilé exceptionnel, je n’en ai pas vu d’aussi beau depuis mes soirées d’astrophotographie dans les monts de l’arrière-pays provençal.
Le processus de pondaison suit les sept étapes ci-dessous :
- L’arrivée sur la plage : La tortue sort de l’eau et se met tout de suite à la recherche d’un endroit stratégique (ensoleillé, en direction de l’océan, à l’abri des prédateurs, etc…) pour la ponte de ses œufs
- Le nettoyage : Une fois l’endroit choisi, la tortue va nettoyer son espace de travail, elle va enlever les détritus et autres déchets végétaux et les repousser un petit peu plus loin
- La chambre de ponte : La tortue va ensuite creuser son nid afin de pouvoir y pondre ses œufs. La cavité peut atteindre une profondeur de 80 cm
- La ponte : C’est la phase clé, la tortue est alors en transe et elle va pondre ses œufs, ainsi une tortue verte peut pondre entre 80 et 120 œufs
- Couverture des œufs : La tortue couvre ses œufs en rabattant le sable avec ses nageoires arrière
- Le camouflage : Cette phase consiste à recouvrir le lieu de ponte avec les nageoires avant afin de dissimuler toute trace du nid
- Retour à la mer : la tortue épuisée repart vers l’océan pour reprendre des forces et se nourrir mais la tortue va rester dans les environs pendant une vingtaine de jours avant de revenir faire un tour sur la plage, puis elle repartira jusqu’à la prochaine ponte
Lors de la visite nous avons pu observer les quatre dernières phases, les trois premières n’étant pas autorisées à l’observation par le grand public. Cependant les phases observables ne sont pas une garantie, les gardes et les guides vont s’assurer du bien-être des animaux avant d’autoriser un groupe à s’approcher pour observer une tortue. Aussi, lorsqu’un groupe a pu assister à toutes les étapes autorisées, il doit quitter immédiatement la plage.
Sur les canaux de Tortuguero

Après cette nuit magique, j’ai prévu une journée sur les canaux du parc national de Tortuguero. Le matin en canoë avec un guide qui connait bien son sujet et qui nous emmène sur le Caño Negro, littéralement le canal noir, dû à la couleur sombre des eaux causée par les plantes qui déversent leurs feuilles, branches, écorces et autres qui vont se décomposer lentement dans l’eau et y déposer ces polyphénols qui vont donner cette teinte brunâtre à l’eau des canaux. Notre guide nous fait quitter la rivière principale pour entrer dans les canaux, la navigation est plus calme et les premiers animaux commencent à apparaitre avec tout d’abord quelques hérons. Un paresseux est repéré ce qui nous donne l’opportunité d’observer l’animal, ainsi tout au long de la matinée nous croiserons un caïman, un crocodile, un basilic vert, quelques iguanes et quelques oiseaux.

Une forêt luxuriante et une faune incroyable
L’après-midi du même jour je parcours d’autres canaux du parc national, en bateau cette fois-ci, le trajet est ponctué de quelques rencontres tout aussi spectaculaires que dans la matinée. À peine avons-nous quitté l’amarre de l’hôtel que le capitaine voit un paresseux, c’est une femelle et elle est avec son petit, l’observation n’est pas simple car ils sont accrochés à plus de 30 m de hauteur, mais le pilote est patient et nous sommes un certain nombre de photographes à bord avec des téléobjectifs à essayer de photographier la scène. Le reste de l’après-midi nous réserve énormément de moments avec la faune notamment quelques oiseaux dont certains très rares comme le grand Ibijau qui se fond avec les branches sur lesquelles il est posé, un crocodile qui prend la pose, quelques singes hurleurs et surtout deux sapajous, quelques fois appelés à tort singes capucins, qui sont restés sous l’œil de nos appareils pendant plus d’une quinzaine de minutes, le coucher de soleil et la fin de journée nous ont malheureusement contraint de les quitter.

Enfin de retour sur la rivière, juste avant notre hôtel quelques aras militaires font le spectacle sur un arbre, une belle conclusion pour une journée bien remplie.
Le lendemain départ très tôt pour le port de Caño blanco où je vais récupérer ma voiture pour ma prochaine étape, La Fortuna dans le centre du pays autour du Volcan Arenal.